Le Ministère de la Transition écologique a lancé ce vendredi 4 décembre, sa première carte interactive des loyers. Malgré une méthodologie de calcul transparente, de nombreuses faiblesses sont à souligner.
Un outil « utilisable par tous » …
« L’objectif du projet, (…) est de disposer d’indicateurs de loyer pour toutes les communes de France, utilisables par tous » a expliqué Basile Pfeiffer de la Direction de l’habitat, de l’urbanisme et du paysage lors de la présentation de l’outil. Jusqu’à présent, aucun indicateur ne permettait de connaître les loyers pratiqués sur l’ensemble du territoire national. En effet, « la trentaine d’observatoires locaux des loyers (OLL) créés depuis 2013 couvre la moitié du parc locatif privé. Ailleurs, les informations sont partielles. »
Annoncé préalablement en juillet 2019, le gouvernement dévoile donc aujourd’hui un outil de statistiques plus large : « utilisable par tous, à la fois les propriétaires, les locataires et les professionnels de l’immobilier ». Créé par une équipe de recherche en économie d’Agrosup Dijon et de l’Institut national de la recherche en agronomique (INRAE), l’outil se compose de plus de neuf millions de données fournies par de grands acteurs du secteur : Leboncoin, SeLoger et PAP.
Concrètement, il s’agit de 2 cartes interactives visibles sur le site du ministère de la Transition écologique : l’une pour les appartements de 49m² et l’autre pour les maisons de 92m² mis en location au 3ème trimestre 2018. À noter que ces indicateurs concernent des loyers d’annonce, charges comprises. Côté renseignements, la chercheuse Marie Breuillé remarque que « les loyers sont élevés dans les zones touristiques » comme « les littoraux et les zones de montagnes ».
… mais qui présente de nombreuses limites
Bien que le projet ait pour but de faciliter la prise de décision pour les propriétaires et les locataires, celui-ci présente de nombreuses faiblesses.
En effet, comme nous venons de le préciser, les données datent de 2018 et non de l’année en cours. En sachant que les prix immobiliers ne cessent d’évoluer, il est donc impossible de se faire une idée précise du marché locatif actuel de sa commune. De plus, les statistiques ne permettent ni de distinguer les locations touristiques et meublées, ni les logements neufs ou anciens.
Enfin, de nombreuses communes n’ont tout simplement pas de données. Dans ces cas précis, l’indicateur de loyer a été estimé à partir de communes semblables. Pour David Rodriguez, juriste auprès de l’association de consommateurs CLCV : « sur le principe, c’est bien d’avoir un dispositif qui donne une idée de la valeur du marché ». Cependant, « ce n’est pas assez rigoureux » pour qu’un propriétaire ou un locataire fasse son choix.
Les créateurs du projet ne cachent pas qu’il n’en est qu’au stade expérimental : « on est encore assez loin de pouvoir utiliser ces données pour (…) la politique du logement », admet Basile Pfeiffer.
La carte sera mise à jour tous les 2 ans par l’ANIL, en lien avec les partenaires et le ministère de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales.